Ça n'avait pas fait tilt...
Aux 20 ans du "Jeu des Dictionnaires" et de "La Semaine Infernale", sa présence avait été annoncée (il avait même paraît-il écrit un nouvel épisode des "Soupers de Bobonne" pour l'occasion) et il s'était désisté au dernier moment. Ça m'avait beaucoup déçu, un peu surpris, et puis je me suis dit qu'il était peut-être surbooké par quelque projet musical...
Ensuite, il y a eu Télémoustique qui annonçait qu'il "faisait une pause". Là, j'aurais dû avoir un doute...
Et aujourd'hui, la nouvelle est tombée, Marc Moulin n'est plus...
Je constate que la presse, quand elle parle de l'homme public, évoque quasi-exclusivement le musicien. J'entends des anecdotes amusantes qui se sont passées hors-antenne, mais pour ce qui est de l'homme public, on parle avant tout du musicien.
J'ai moi-même une anecdote, dans "La Semaine Infernale", il a prétendu avoir un projet avec celui qui présentait la météo à l'époque, Pierre Verbeure, qui avait une façon un peu spéciale de commencer ses billets par un "e-bbboonjouuur", un peu traînant. Marc avait samplé le "e-bbboonjouuur" et composé toute une série d'arrangements. Et moi, pour le gag, je lui avais envoyé, en lui suggérant que ce pourrait être un sponsor pour son projet, une boîte de café+chicorée soluble "Bonjour". Et un jour, j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres deux boîtes de chocolats "Merci" accompagné de ce tout petit mot :
Ce n'est pas l'aspect musicien de l'artiste qui m'a le plus marqué, si j'excepte cet album complètement atypique, "Mæssage".
J'étais en pleine dépression nerveuse quand il est sorti et un morceau en particulier, "Chaînons", au plus fort de la déprime, était un excellent "anti-douleur". Nous avons eu d'ailleurs à ce sujet un échange de courrier, à l'époque. Et c'est vrai qu'il savait être à l'écoute. Je lui avais même parlé du frisson que me donnait la résolution d'accord à 1'36" en m'excusant par avance, car je sais que beaucoup de musiciens préfèrent qu'on ne "décortique" pas leurs compositions. Lui, non, au contraire, ça l'intéressait.
Allez, un clic ici :
http://www.vinbrol.net/Chainons.mp3
Mais celui dont je n'entends pas parler, ou très peu, et c'est celui que je pleure, aujourd'hui (au sens propre), c'est l'humoriste des "Tilkin, ou la famille infernale" et des "Soupers de Bobonne", du théâtre radiophonique d'un humour irremplaçable qu'il écrivait pour l'émission "La Semaine Infernale" (http://old.rtbf.be/rtbf_2000///bin/view_something.cgi?id=0020307_mendelhome&menu=0083395_menulist&pub=RTBF.PREM%2FPREM.FR.la_taille.HOME). C'est principalement de ce Marc Moulin-là que je me sens orphelin. Pourtant, ça faisait longtemps, très longtemps qu'il n'avait plus écrit de sketches ou pièces radiophoniques, je ne pensais pas que ça m'affecterait autant, mais je suis en larmes.